Brose arrête le vélo électrique et vend à Yamaha

Brose arrête le vélo électrique et vend à Yamaha

31 mars 2025 0 Par GregVolto

Le groupe allemand Brose, spécialiste des composants automobiles, tourne la page de l’électromobilité légère. Sous pression, Brose vend son activité dédiée aux moteurs pour vélos électriques à l’entreprise japonaise Yamaha. Une décision qui s’inscrit dans un plan de restructuration ambitieux, alors que le secteur du vélo électrique traverse une zone de turbulence.

Un retrait surprenant du marché du vélo électrique

Brose, acteur de renom basé à Cobourg en Bavière et employant plus de 32 000 personnes dans le monde, a officiellement annoncé la vente de sa division de développement de moteurs pour vélos électriques. Cette activité, implantée à Berlin, est reprise par la filiale Motor eBike Systems du géant japonais Yamaha. L’accord a été conclu le jeudi 27 mars 2025, mais reste soumis à l’approbation des autorités de la concurrence. La cession devrait donc être finalisé dans le milieu de l’année 2025.

logo brose
Brose illustre les difficultés actuelles de l’industrie allemande

Cette décision marque un tournant stratégique majeur pour Brose, qui ambitionne désormais de se recentrer sur ses compétences historiques dans l’automobile et les deux-roues motorisés. Le transfert comprend l’intégralité des équipes de développement. La fabrication des moteurs reste à Würzburg en Allemagne, pour une période transitoire de deux ans, encore assurée par Brose pour le compte de Yamaha.

Une restructuration en réponse à un marché en difficulté

Si cette cession peut surprendre au premier abord, elle s’inscrit dans une logique de recentrage portée par le PDG Stefan Krug. Le groupe familial, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros en 2023, doit faire face à une conjoncture automobile dégradée et à des erreurs stratégiques passées qu’il entend désormais corriger.

Brose prévoit une perte d’environ 50 millions d’euros en 2025, couplée à un recul du chiffre d’affaires. La vente de la branche e-bike s’apparente donc à une mesure d’assainissement interne, visant à améliorer la performance et l’efficacité de l’entreprise.

  • Recentrage sur les composants automobiles comme les lève-vitres, sièges réglables, portes et hayons motorisés
  • Abandon progressif des activités jugées non rentables ou non stratégiques
  • Adaptation à un marché cycliste devenu incertain et volatile
Moteur Brose

Yamaha renforce sa présence sur le marché européen

De son côté, Yamaha voit dans cette acquisition une occasion en or pour s’implanter durablement en Europe. Contrairement à Brose, qui opérait uniquement en tant que fournisseur B2B, Yamaha ambitionne de développer une offre complète à destination des consommateurs finaux, consolidant ainsi sa présence sur un marché concurrentiel.

Le savoir-faire technologique de Brose, reconnu dans l’ingénierie de moteurs silencieux et puissants, devrait permettre à Yamaha de se différencier face à des marques déjà bien établies comme Bosch, Shimano ou Bafang.

Ce transfert de compétences est d’autant plus stratégique que Yamaha entend investir massivement dans le développement de nouveaux modèles et services connectés pour vélos électriques, s’inscrivant dans une dynamique de mobilité durable à moyen terme.

Un marché du vélo électrique en perte de vitesse

Longtemps porté par un engouement mondial, notamment durant les années de confinement liées à la pandémie, le marché des vélos à assistance électrique connaît depuis quelques mois une phase de repli.

Selon Stefan Krug, le segment serait arrivé à un point de saturation : les volumes de ventes ont chuté, les stocks s’accumulent et la demande se stabilise à un niveau bien inférieur aux prévisions optimistes de 2021-2022. Cette baisse d’activité, combinée à des coûts de production en hausse, fragilise de nombreux acteurs du secteur.

  • Chute des ventes de VAE depuis fin 2023
  • Surproduction et forte pression sur les marges
  • Réorientation des investissements vers la mobilité urbaine motorisée

Face à ces signaux faibles, Brose a choisi d’anticiper une récession prolongée dans ce domaine en se délestant d’une activité devenue incertaine à court et moyen terme.

Quel avenir pour les sites de production allemands ?

Si les employés du site de Berlin sont transférés à Yamaha, ceux affectés à la production de moteurs dans l’usine de Würzburg ne sont pas concernés par la cession. Néanmoins, ce site fait actuellement l’objet de discussions dans le cadre de la réorganisation interne du groupe.

Brose assure qu’aucun lien direct n’existe entre la vente de la branche e-bike et l’avenir du site de Würzburg. L’activité y sera maintenue pendant une phase transitoire pouvant aller jusqu’à deux ans, période durant laquelle Brose continuera d’assembler les systèmes d’entraînement pour le compte de Yamaha.

Le sort définitif du site dépendra sans doute de l’évolution des autres branches d’activité du groupe et de leur rentabilité respective dans les mois à venir.

Une transformation pour mieux rebondir

Avec cette décision, Brose montre sa volonté de reprendre le contrôle de sa stratégie industrielle et d’éviter les écueils qui ont pu le fragiliser ces dernières années. L’entreprise familiale parie désormais sur un retour aux sources, misant sur ses secteurs historiques pour retrouver une dynamique de croissance pérenne.

Yamaha, de son côté, hérite d’un précieux savoir-faire européen qui pourrait bien lui offrir un tremplin pour s’imposer durablement sur un marché qui, malgré le ralentissement actuel, conserve un fort potentiel à long terme.

Ce passage de témoin entre Brose et Yamaha illustre un changement d’époque dans le secteur du vélo électrique, où seuls les acteurs les plus agiles et les mieux positionnés survivront à la phase de consolidation en cours.

Je suis le fondateur et le rédacteur principal de Volto Vélo. Adepte du VTT électrique, je me tiens également au courant de toute l’actualité du vélo électrique urbain.